A. Meillet
Les langues dans l'Europe nouvelle
Paris
1918
Chaque nation, si petite soit-elle, veut avoir sa langue de civilisation à elle. A côté du russe, qui s'impose par la masse des hommes qui le parlent et par l'importance et l'originalité de sa littérature, toutes les nations slaves se donnent leur langue de civilisation particulière ; en face du polonais, du tchèque, du serbo-croate, du bulgare, qui ont de vieux titres de noblesse, se dressent le slovène, le petit-russe, qui n'ont pas de passé. Chaque pays Scandinave publie dans sa propre langue et ce qui est destmé aux gens du pays et aussi, de plus en plus, ce qui s'adresse au monde entier. La nation lettone, la nation lituanienne instituent chacune une langue de civilisation.